Architectures de pierre
Le marbre, dans les carrières de Carrare, était extrait jusqu’à récemment à l’aide d’un câble constitué de trois fils d’acier tressés. Ce câble, monté en boucle et passant de poulie en poulie, entrainait un mélange de sable et d’eau qui usait patiemment la pierre, comme une rivière creuse son lit. En 1987 j’ai installé dans mon atelier cet outil qui m’intéressait pour la façon qu’il avait de pénétrer lentement la pierre sans la briser, d’y laisser des traces semblables à celles d’une érosion naturelle et d’y faire pénétrer la lumière.
Le fil à découper la pierre dans l’atelier de Seravezza (photo J. Salmon).
Façades
1 à 5: FAÇADE N°2, marbre blanc de Carrare, 38x40x15cm, 1988; 6 à 8: FAÇADE N°5, marbre noir d’Espagne, 33x16x7cm, 1991; 9 et 10: FAÇADE N°3, marbre blanc de Carrare, 50x38x15cm, 1988; 11 et 12: FAÇADE N°1, marbre blanc de Carrare, 38x40x15cm, 1988.
Le mythe d’Androgyne
1 et 2: LE MYTHE D’ANDROGYNE I, marbre blanc de Carrare, 50x40x30cm et 30x30x30cm, 1991; 3 et 4: LE MYTHE D’ANDROGYNE II, marbre blanc de Carrare, 60x30x40 et 50x30x30cm, 1991.
(…) L’action du sable et de l’eau a lentement séparé la pierre de la pierre. Chacune se souvient de sa sœur, leurs surfaces sont jumelles. Bien que semblables elles ne coïncident qu’à peu près. Un fil les a séparées et les rides qu’il a formées font vibrer à leur contact l’air qui a remplacé la pierre qui manque. Dans le cas de l’usure naturelle, celle des galets, des rochers arrondis par la mer, mais aussi celle des marches d’églises, la pierre qui manque s’est dissoute, le temps l’a annihilée, anéantie, mélangée à la poussière des semelles innombrables, dissoute dans chacune des gouttes innombrables. L’épaisseur de pierre qui manque, c’est celle du passé. L’autre, celle qui reste, est lourde de toutes les formes possibles, lourde de ce qui n’a pas encore été. Entre les deux qu’un fil sépare, une surface incertaine et ridée : « maintenant ».
La surface qu’a laissée le fil est ridée comme de l’eau, la pierre absente et celle qui reste s’y reflètent. Chacune y est son propre futur et le passé de l’autre.
Christophe Loyer, 1990
Temples
1: OBJET ROND SUR PIED (marbres blanc de Carrare et gris de La Capella, H=40cm; 1984); 2: PETIT TEMPLE N°1, marbre gris de La Capella, H=40cm, 1987; 3 et 4:PETIT TEMPLE N°2, marbre gris de La Capella, 30x15x15cm; 1987; 5: PETIT TEMPLE AVEC PERSONNAGE, marbre gris de La Capella, H=22cm, 1988; 6 et 7: PETIT TEMPLE N°3, 40X40X40cm, 1987; 8 et 9: TEMPLE AVEC GARDIEN, marbres blanc de Carrare et gris de La Capella, 50x50x50cm, 1988; 10: TEMPLE AVEC LECTEUR, marbre blanc de Carrare, H=60cm, 1988.
Pierres percées
1, 2 et 3: DEUX PERSONNAGES DEVANT UNE DOUBLE PORTE, 47x37x34cm; 4 et 5: ANNONCIATION, 61x39x28cm; 6 et 7: L’ARCHE DES FILEURS, 90x55x25cm; 8 et 9: LE MAÎTRE ET MARGUERITE, 110x60x37cm; 10, 11 et 12; PÊCHEUR DE TROUS, 35x25x37cm; 13 et 14: PERSONNAGE TENANT SON PIED DROIT DANS SA MAIN GAUCHE, 40x40x15cm. La série des PIERRES PERCÉES a été réalisée en travertin noce de Rapolano (Sienne, Italie), entre 1991 et 1997.