Économie du regard, économie de moyens
Marc Vincent et Christophe Loyer, chorégraphe et plasticien, renversent quelques perspectives de l’image en (du) mouvement.
Un gros cylindre de tissu rouge est suspendu au plafond, légèrement flottant juste au-dessus du sol. A l’extérieur de ce cylindre est disposé un écran blanc. Le public va et vient tout autour de ce dispositif très simple.
Le chorégraphe Marc Vincent et le plasticien Christophe Loyer prennent place à l’intérieur du cylindre, devenu leur espace de performance. À travers le tissu, on le les aperçoit qu’à l’état de silhouettes mouvantes. Rien n’est suffisamment clair pour qu’on distingue la manipulation d’une caméra, à laquelle ils se livrent. En revanche les images en sont synchroniquement retransmises sur l’écran.
Ces images captent le tissu comme un fond incessamment mouvant, dont la surface continue serait comme transpercée, seulement épisodiquement, par l’émergence visuelle ces corps en mouvement au contact de l’objectif très rapproché de la caméra, cadrés de manière toujours fugace et parcellaire. Qui exactement tient l’engin ? Qui vise-t-il dans son objectif ? Quels retournements s’opèrent ? Le regard est ainsi invité à démultiplier ses potentialités, de la structure circulaire à la structure plate, de l’intérieur à l’extérieur, du dissimulé au révélé, de l’agit au retransmis, etc… Chacune de ces mises en relation binaires mériterait sa propre réflexion critique, sans omettre le niveau supérieur de leurs interactions dynamiques (…)
Gérard Mayen, revue Mouvement, 23 octobre 2002,
à propos de la performance « Solipsisme », théâtre de la Parole Errante, Montreuil